De la plage d’Ostende à chez moi, il y a tout pile la durée d’un album de Damien Rice, ce qui est fortuit tant cela se marie bien avec le paysage humide qui s’estompe sous les flocons gris.
Aimer Ostende en hiver, cela demande un effort conscient et soutenu. Déjà, en été, ce n’est pas donné à tout le monde. Mais en hiver, lorsque le ciel bas et uniforme étouffe toute la lumière et que seule la décrépitude des bâtiments ressort, que les rues étroites sont balayées par le vent glacial chargé de neige fondue et qu’il faut lutter pour arriver jusqu’à la mer, vraiment, il faut y mettre du sien pour se rappeler de l’horizon et voir en dessous des façades.
Mais là, tout au fond de cette ambiance de ville fantôme encore habitée, il y a bel et bien quelque chose, une sorte de mélancolie de la splendeur passée, un sentiment doux-amer que le vent marin semble avoir fixé dans les pierres. La ville n’est plus de première jeunesse, c’est difficile à nier, mais cela ne l’empêche pas de garder la tête haute malgré les rides creusées et les blessures de guerre mal pansées. Toujours debout.